Les études
Après avoir été reçu maître es
arts – ce qui assurait que l'étudiant connaît le latin – il
s'inscrit à la faculté de médecine de Paris, à condition d'être
catholique. Les droits d'inscription sont très élevés, sauf pour
les fils de médecin, si bien que les étudiants exercent parfois
d'autres métiers pour financer leurs études. La faculté commence à
6 heures : on écoute des bacheliers qui répètent leurs leçons
de la veille. Les cours traitent d'anatomie, de physiologie,
d'hygiène, de diététique, de pathologie, de thérapeutique, de
botanique (pour connaître les plantes dont sont constitués les
médicaments). Il n'y a pas de travaux pratiques : au cours
d'anatomie, un barbier-chirurgien (métier méprisé) dissèque un
mort (un condamné à la peine capitale) pendant que le professeur
disserte.
La pratique

La théorie des quatre humeurs
Au XVIIe siècle, la médecine repose
encore sur des théories élaborées durant l'Antiquité : on
croit à la théorie des quatre humeurs (« liquides ») :
le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. On pense que la
santé repose sur l'équilibre de ces quatre humeurs. Tout
déséquilibre entraîne des « sautes d'humeur » ou
menace la santé. Pour rétablir l'équilibre, c'est-à-dire pour
soigner le patient, on pratique des saignées (écoulement du sang),
des purges (des diarrhées provoquées), des lavements ou des
régimes. Ces pratiques ont évidemment pour conséquence d'affaiblir
le malade.
D'ailleurs, l'espérance de vie
moyenne est très brève : 25 ans en moyenne. Cela ne signifie
pas pour autant que la plupart des gens meurent à 25 ans ; ce
chiffre est dû à une forte mortalité infantile (beaucoup d'enfants
meurent avant d'avoir eu 1 an). Les épidémies (la peste, le
choléra...), les maladies qu'on ne sait ni soigner par les
antibiotiques ni les vaccins et les famines (généralement dues à
une augmentation des prix, la « cherté ») provoquent de
nombreux décès.
Médecins et chirurgiens
La science médicale a longtemps été
empêchée dans ses progrès par les difficultés faites aux médecins
désireux de disséquer des cadavres humains. C'est pourtant le moyen
idéal de comprendre le corps humain et son fonctionnement. Au temps
de Molière, les médecins, qui se risquent à étudier l'anatomie,
doivent trouver des cadavres – parfois en les volant. Dans les
faits, l'étudiant devenu médecin n'a appris son métier que dans
les livres et n'a aucune pratique. En revanche, le chirurgien n'est
pas un médecin : il traite les plaies, incise les abcès, etc.
La chirurgie obtiendra d'ailleurs des résultats auxquels les
médecins ne sont pas parvenus (en sauvant Louis XIV par
exemple).
Molière et la médecine

Et pourtant...
Le génie de Molière ne doit pas nous
faire oublier que le XVIIe siècle fut aussi une époque de progrès
médicaux fulgurants, aussi bien sur le plan social que
scientifique ! Cette période est marquée, en médecine comme
ailleurs, par l'avènement de la raison. Les croyances anciennes sont
battues en brèche et les esprits de ce siècle n'accordent foi qu'à
ce qui se vérifie, s'analyse et se palpe. La plus grande
découverte de ce siècle est, à n'en pas douter, celle de la
circulation du sang par Harvey en 1628. Certains médecins (comme
Diafoirus père et fils !) s'élèvent contre la théorie d'Harvey et
ses adeptes « circulateurs », mais la vérité
s'imposera, notamment grâce à Louis XIV qui, en 1672, chargera
Dionis d'enseigner cette théorie en France. La découverte
d'Harvey sera complétée par la mise en évidence des vaisseaux
lymphatiques puis par la découverte du circuit lymphatique. Parmi
les grandes découvertes de ce siècle, on peut citer le microscope,
les transfusions de sang (dont la couleur rouge est enfin expliquée),
ou le forceps.
Les hôpitaux se développent pour
héberger les pauvres et les infirmes. L'hôpital Saint-Louis voit le
jour à Paris à l'initiative d'Henri IV, et Louis XIV décide la
création dans les grandes villes d'un hôpital général pour les
mendiants, les invalides et les prostituées. Par ailleurs,
Théophraste Renaudot développera les consultations gratuites pour
les pauvres. Les premiers journaux publiant des articles
médicaux sont créés.
Il faudra cependant attendre la fin du
XVIIIe siècle pour que les scientifiques et médecins prennent enfin
conscience des vertus de l'hygiène et de la propreté. Ce sera, bien
avant l'arrivée des vaccins et des antibiotiques, le premier et
principal facteur d'allongement de l'espérance de vie et du
bien-être.
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