Unité
Par-dessus
l'horizon aux collines brunies,
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
Blanche épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l'éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.
« Et, moi, j'ai des rayons aussi ! » lui disait-elle.
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
Blanche épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l'éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.
« Et, moi, j'ai des rayons aussi ! » lui disait-elle.
Victor Hugo (1802-1885)
- Quels détails te permettent d'identifier ce texte comme un poème ?Ce texte est écrit en vers, comme le montre le retour régulier à la ligne.Chaque vers (= chaque ligne) commence par une majuscule.
- Combien comptes-tu de strophes ? Combien comptes-tu de vers ?Il n'y a qu'une strophe. Une strophe est un groupe de vers séparé du reste par un blanc ; c'est l'équivalent poétique du paragraphe.Cette strophe comporte dix vers puisqu'on compte dix lignes.
- Les vers riment-ils ?Les vers riment : autrement dit, on retrouve les mêmes sonorités à la fin de deux vers (brunies / infinies ; couchant / champ ; folle / auréole...).Tous les poètes ne font pas ce choix ; en poésie moderne, il n'est pas rare que les vers ne riment pas.Ici les rimes se suivent. Si on leur attribue une lettre (comme aux droites en mathématiques!), en appelant la rime infinies / brunies « A » et la rime couchant / champ « B », on obtient le schéma suivant :
A
A
B
B
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Les
rimes disposées ainsi sont appelées rimes
plates ou rimes suivies.
4. Combien
comptes-tu de syllabes par vers ? Tous les vers de ce poème comportent douze syllabes. C'est ce qu'on appelle des alexandrins.
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11
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12
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Par
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des
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sus
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l'ho
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ri
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zon
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aux
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col
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li
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nes
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bru
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nies
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Le
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so
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leil
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cet
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te
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fleur
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des
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splen
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deurs
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in
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fi
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nies
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Règle du
« e » muet
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Pour bien compter et bien prononcer les
syllabes en poésie, il faut savoir que certains « e »,
habituellement muets, c'est-à-dire non prononcés dans la vie de
tous les jours, sont entendus en poésie. Il s'agit des « e »
suivis d'une consonne. Par exemple, le prénom Séverine est d'ordinaire prononcé en deux syllabes : [sèv] + [rin].
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La
scène se déroule « à l'heure du couchant »,
c'est-à-dire le soir.
6. Qui
sont les deux « personnages » ?
Les
deux personnages sont le soleil et une marguerite.
7. Au
vers 2, comment le soleil est-il désigné ? Est-ce une
description scientifique ou une image ?
Le
soleil est désigné comme une « fleur des splendeurs
infinies ». Il s'agit d'une description poétique, imagée.
Cette façon d'associer deux choses, deux êtres ayant des points
communs (la forme, la couleur...) est une figure
de style appelée métaphore.
Nous
savons bien que le soleil n'est pas une fleur ! En revanche,
comme nous le fait remarquer la petite marguerite de ce poème, on peut
considérer que ses rayons rappellent les pétales de certaines
fleurs.
8. À
ton avis, pourquoi le poème est-il intitulé « Unité » ?
L'unité
évoquée par Victor Hugo est celle de la nature : on peut y
trouver des correspondances entre une étoile majestueuse et une
fleur des plus banales – toutes deux ont des rayons, toutes deux possèdent leur beauté particulière.Cette manière de voir peut aussi s'appliquer aux humains : on rencontre des gens admirables au sein du peuple aussi bien que dans les classes supérieures de la société.
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