mercredi 29 avril 2020

La poésie au rythme du temps et de la nature – Séance 2


Unité

Par-dessus l'horizon aux collines brunies,
Le soleil, cette fleur des splendeurs infinies,
Se penchait sur la terre à l'heure du couchant ;
Une humble marguerite, éclose au bord d'un champ,
Sur un mur gris, croulant parmi l'avoine folle,
Blanche épanouissait sa candide auréole ;
Et la petite fleur, par-dessus le vieux mur,
Regardait fixement, dans l'éternel azur,
Le grand astre épanchant sa lumière immortelle.
« Et, moi, j'ai des rayons aussi ! » lui disait-elle.

Victor Hugo (1802-1885)

  1. Quels détails te permettent d'identifier ce texte comme un poème ?
    Ce texte est écrit en vers, comme le montre le retour régulier à la ligne.
    Chaque vers (= chaque ligne) commence par une majuscule.
  2. Combien comptes-tu de strophes ? Combien comptes-tu de vers ?
    Il n'y a qu'une strophe. Une strophe est un groupe de vers séparé du reste par un blanc ; c'est l'équivalent poétique du paragraphe.
    Cette strophe comporte dix vers puisqu'on compte dix lignes.
  3. Les vers riment-ils ?
    Les vers riment : autrement dit, on retrouve les mêmes sonorités à la fin de deux vers (brunies / infinies ; couchant / champ ; folle / auréole...).
    Tous les poètes ne font pas ce choix ; en poésie moderne, il n'est pas rare que les vers ne riment pas.
    Ici les rimes se suivent. Si on leur attribue une lettre (comme aux droites en mathématiques!), en appelant la rime infinies / brunies « A » et la rime couchant / champ « B », on obtient le schéma suivant :
A
A
B
B
Les rimes disposées ainsi sont appelées rimes plates ou rimes suivies.
4. Combien comptes-tu de syllabes par vers ? 
Tous les vers de ce poème comportent douze syllabes. C'est ce qu'on appelle des alexandrins.

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Par
des
sus
l'ho
ri
zon
aux
col
li
nes
bru
nies
Le
so
leil
cet
te
fleur
des
splen
deurs
in
fi
nies


Règle du « e » muet
Pour bien compter et bien prononcer les syllabes en poésie, il faut savoir que certains « e », habituellement muets, c'est-à-dire non prononcés dans la vie de tous les jours, sont entendus en poésie. Il s'agit des « e » suivis d'une consonne.
Par exemple, le prénom Séverine est d'ordinaire prononcé en deux syllabes : [sèv] + [rin].
  • En poésie, le « e » du milieu sera systématiquement pris en compte : Séverine ;
  • Le « e » final le sera également s'il est suivi d'un mot commençant par une consonne : Séverine, jeune fille aux cheveux d'or

5. À quel moment de la journée cette scène se déroule-t-elle ?
La scène se déroule « à l'heure du couchant », c'est-à-dire le soir.
6. Qui sont les deux « personnages » ?
Les deux personnages sont le soleil et une marguerite.
7. Au vers 2, comment le soleil est-il désigné ? Est-ce une description scientifique ou une image ?
Le soleil est désigné comme une «  fleur des splendeurs infinies ». Il s'agit d'une description poétique, imagée. Cette façon d'associer deux choses, deux êtres ayant des points communs (la forme, la couleur...) est une figure de style appelée métaphore.
Nous savons bien que le soleil n'est pas une fleur ! En revanche, comme nous le fait remarquer la petite marguerite de ce poème, on peut considérer que ses rayons rappellent les pétales de certaines fleurs.
8. À ton avis, pourquoi le poème est-il intitulé « Unité » ?
L'unité évoquée par Victor Hugo est celle de la nature : on peut y trouver des correspondances entre une étoile majestueuse et une fleur des plus banales – toutes deux ont des rayons, toutes deux possèdent leur beauté particulière.
Cette manière de voir peut aussi s'appliquer aux humains : on rencontre des gens admirables au sein du peuple aussi bien que dans les classes supérieures de la société.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire