lundi 25 mai 2020

Poésie au rythme du temps et de la nature – Séance 5

Aujourd'hui, nous allons découvrir un des poèmes les plus célèbres de la littérature française ; vos parents, grands-parents, arrière-grands-parents, etc. l'ont appris, étudié et récité. À votre tour !

Pierre de Ronsard (1524-1585) est un poète français de la Renaissance. Nourri d'influences antiques et italiennes, il fonde avec Joachim du Bellay la Pléiade, groupe d'écrivains qui se donne pour mission d'enrichir la langue française et de créer une véritable littérature.

Le poème qui suit est extrait du recueil Sur la mort de Marie publié en 1578. C'est un poème écrit à la demande du roi Henri III, qui venait de perdre sa maîtresse Marie de Clèves décédée à 21 ans.

« Comme on voit sur la branche... »

Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose ;

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais battue, ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort, ton corps ne soit que roses.

                                          Pierre de Ronsard, Amours.



Vocabulaire
  • au point du jour : du verbe – quand le jour point, c'est-à-dire apparaît, au lever du jour.
  • ardeur : chaleur
  • languissante : affaiblie
  • déclose : ouverte
  • Dans la mythologie romaine, les trois Parques étaient les divinités de la destinée humaine, de la naissance à la mort. Elles étaient représentées comme des fileuses, tissant et tranchant le fil des destins.



Lis plusieurs fois le poème, en prenant ton temps pour bien en repérer les étapes.
Quelles sont tes premières impressions ? Le poème est-il joyeux, triste, doux, dur, apaisant, angoissant, etc. ?
Dans ton cahier, inscris le titre Séance 5 - "Comme on voit sur la branche.."
Recopie de ta plus belle écriture le poème de Ronsard.
Rosier Pierre de Ronsard ® meiviolin | Les Rosiers Belmontais 
Surligne les points. Combien de phrases ce poème comporte-t-il ? Trois ou quatorze ?
Choisis une couleur différente pour chaque rime (par exemple, du rose pour les rimes en -ose, du bleu pour celles en -eur, etc.).
Complète la phrase suivante avec les termes proposés (aide-toi des séances précédentes).
tercets - alexandrin - plates - quatrain - embrassées
Ce poème est constitué de deux ............................ suivis de deux ............................
Le mètre choisi par le poète est l'............................
Les rimes sont d'abord ............................ puis ............................ puis de nouveau ............................



1. De quoi est-il question dans les deux premières strophes ? Quel en est le sujet ?
Le mot jeunesse est-il habituel pour parler de ce genre de chose ? Rosier grimpant 'Pierre De Ronsard' - Rosa grimpant - Le Jardin du ...

2. De quoi est-il question dans les deux strophes suivantes ? À quelle saison le mot nouveauté fait-il allusion ? Ce mot est-il courant lorsqu'on parle d'une personne ?

3. Aux vers 1 et 9, par quels mots Ronsard établit-il un lien entre les deux parties du poème ? Dans quelle figure de style ces mots sont-ils employés ?

4. Relis les mots placés à la rime et pense à tes premières impressions face à ce poème. Quelle réflexion Ronsard nous livre-t-il sur l'action du temps ?
Rosier grimpant Cyclamen Pierre de Ronsard® Les Roses de la Côte d ...

Versification – l'hiatus

La beauté musicale du langage poétique n'est pas uniquement due aux rimes. Ce qui fait qu'un poème sonne de manière si flatteuse à l'oreille, c'est aussi le respect d'une règle établie progressivement à partir de la Renaissance : l'interdiction de l'hiatus.
Un hiatus, c'est la rencontre de deux sons voyelles, comme dans « tu es » ou « tu as ». La poésie classique considère que c'est très laid à entendre !

Gardez qu'une voyelle à courir trop hâtée,
Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée.
(Boileau, L'Art poétique)

En poésie, il faut impérativement veiller à ce que consonnes et voyelles alternent avec régularité. On obtient ainsi une langue équilibrée, cadencée et harmonieuse.
Évidemment, cette règle est très difficile à respecter ! C'est pourquoi elle connaît des exceptions. On tolère, par exemple, que deux sons voyelles se succèdent s'ils sont, à l'écrit, séparés par une consonne muette ou par un e muet (comme dans la haine, la neige fond et brille au soleil, elle s'est allée en pleurant...).

Pour mesurer la difficulté, essaie de composer une strophe (de trois ou quatre vers), dans laquelle tu décriras une fleur ou un animal de ton choix. Tu n'es pas obligé(e) de faire des rimes mais tu dois veiller à éviter les hiatus !


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